Incapable d'assumer son statut de grandissime favorite d'une Serie A décapitée après le scandale des matches truqués qui l'aura épargnée, l'Inter Milan pourrait finalement elle aussi être rattrapée par les affaires. Entendu mardi par la justice sportive italienne, Massimo Moratti, le président du club milanais a dû répondre aux accusations faisant état de possibles actes d'espionnage de la part d'une Inter qui, avant même que n'éclate le scandale en mai 2006, aurait été au courant des pratiques en cours.
Détendu et serein: Massimo Moratti ne laissait transparaître aucun signe de nervosité apparente mardi à sa sortie d'une audition de deux heures au bureau d'enquête de la Fédération italienne de football (FIGC). Sans doute plus préoccupé par l'incapacité actuelle de ses Nerazzurri à assumer de manière claire leur statut de favoris de la Serie A et à briller sur le front de l'Europe – deux défaites lors des deux premiers matches de Ligue des Champions... - le président de l'Inter Milan feignait de ne pas s'inquiéter des accusations qui pèsent sur son club.
Car après avoir été miraculeusement épargné par le scandale des matches truqués qui a secoué le Calcio ces derniers mois, au point de se voir gratifié du titre 2005-2006 dont a été dépossédée la Juventus de Turin, le club milanais pourrait finalement être rattrapé par une affaire sur laquelle on pensait, un peu trop naïvement sans doute, que le football italien avait su faire toute la lumière. Il n'en est rien si l'on en croit les soupçons qui pèsent sur l'Inter et qui poussent la fédération transalpine à chercher à savoir si les dirigeants du club ont tenté d'espionner des arbitres ou des adversaires avant même que n'éclate le scandale des matches truqués. Le club du président Moratti aurait ainsi pu être au courant des pratiques et du système visant à corrompre certains arbitres afin que ceux-ci favorisent en match certaines équipes bien en amont de la mise au jour de l'affaire.
Filatures et écoutes téléphoniques...
Il y a deux semaines, la presse italienne se faisait l'écho d'écoutes téléphoniques illégales, confirmées mardi par des éléments de l'enquête cités par les journaux transalpins et faisant état de communications de la Juventus de Turin placées sur écoute par une société privée, où les enquêteurs ont mis la main sur une facture à en-tête de l'Inter Milan. Tout aussi troublant le témoignage d'un des principaux suspects dans cette affaire des écoutes, Giuliano Tavaroli, qui soutient avoir été mandaté par les dirigeants de l'Inter Milan pour surveiller l'arbitre Massimo De Santis, l'un des acteurs principaux du scandale des matches truqués. De Santis aurait ainsi fait l'objet de filatures répétées à la fin de l'année 2002 et au début de l'année 2003.
Alors l'Inter Milan, chevalier blanc qui aurait mené seul ses investigations afin de démonter le système que ses concurrents avaient mis sur pied? Mais pourquoi alors ne pas en avoir référé aux instances fédérales ou, si personne ne voulait entendre, pourquoi ne pas avoir tenté de faire éclater sans attendre l'affaire? Dans quel but si ce système n'avait que pour conséquences de la léser? Les questions ne manquent pas et le football italien n'en a donc pas fini avec ses heures troublées.
D'autant plus sûrement que l'Inter n'est pas la seule dans le collimateur. Ainsi, mardi, la presse italienne révélait également que le parquet de Naples, en charge du scandale des matches truqués pour la saison 2004-2005, s'intéressait aussi à l'exercice 2005-2006 et à la possible mise en cause de la... Lazio Rome. Lundi, c'est un ancien arbitre, Mario Mazzoleni qui était entendu suite à sa sortie sur le plateau d'une émission de télévision une semaine plus tôt au cours de laquelle il avait évoqué les pressions subies de la part d'un responsable de la Fédération italienne de football (FIGC) pour favoriser la Lazio Rome avant une rencontre contre Cagliari (1-1, 21 janvier 2006). Mazzoleni, qui depuis vit en rupture avec les instances fédérales, aura bien tenté d'alerter qui de droit à la fédération. En vain...: "J'avais tout fait pour parler avec la Fédération et avec l'Association italienne des arbitres (AIA). J'ai écrit quatre fois mais, après dix-neuf ans de carrière, je n'ai vu que des portes fermées." Edifiant...
Sujet: Et si l'Inter avait été au courant 