La Fédération turque de football (TFF) a officiellement protesté, mardi, contre les mauvais traitements qu'auraient reçus les joueurs de sa sélection samedi en Suisse, lors du barrage aller de la Coupe du monde. Les sifflets entendus pendant l'hymne turcs l'ont émue, autant que les cris subis par les joueurs à leur arrivée au stade, suivis d'une attente imposée avec autoritarisme au sélectionneur Fatih Terim avant la conférence de presse.
«Toutes les actions entreprise à l'encontre de notre sélection ont eu un impact très négatif sur l'atmosphère avant le match. La TFF les condamne», a fait savoir la fédération turque dans un communiqué. Elle dit, en outre, n'avoir pas senti de compréhension chez son homologue suisse. Aussi le match retour semble avoir commencé dès lundi, à l'arrivée de l'équipe suisse à l'aéroport Atatürk. En plus de l'accueil infernal des supporters, faits d'insultes et de jets de projectiles sur leur bus, les Suisses ont eu droit à une attente de deux heures pour le contrôle des passeports et aux chiens renifleurs pour l'inspection de leurs bagages. Des membres du personnel de l'aéroport ont déployé un drapeau turc barré du slogan: «Bienvenue en enfer : 5-0».
Le ministre appelle au calme
Malgré les «insultes» reçues, la fédération turque a appelé ses supporters au calme. «C'est sur le terrain que la meilleure réponse pourra être apportée. Nous demandons à nos 42 000 supporters de crier aussi fort que possible mais d'éviter tout comportement qui pourrait déboucher sur une sanction». Le ministre turc des Sports, Mehmet Ali Sahin, est allé plus loin mardi. «Il est erroné, en prétextant certains événements vécus en Suisse, de répondre avec cette même attitude défavorable à une équipe, à ses responsables et à ses spectateurs qui sont tous nos invités. Cela n'est pas compatible avec notre hospitalité traditionnelle», a-t-il dit à l'agence Anatolie. «Il n'est pas possible de corriger une erreur par une autre. La saleté ne se lave pas par une autre saleté», a-t-il ajouté.
La presse suisse de mardi, de son côté, fustigeait l'accueil réservé aux siens. «Manoeuvres d'intimidations, bagages bloqués, jets d'oeufs et de tomates, FIFA alertée !», déplorait la "Tribune de Genève", tandis que "Le Temps" revenait sur le précédent de l'automne 1988, lorsque l'équipe du Neuchâtel Xamax avait connu son «pire cauchemar» lors d'un déplacement à Istanbul. Neuchâtel s'était incliné 5-0 en huitièmes de finale retour de la Coupe des clubs champions face à Galatasaray après l'avoir emporté 3-0 à l'aller.
«Mais que fait la FIFA ? En arrivant à Belp le mois dernier, Zidane et les Bleus, s'engouffrant dans un bus qui les attendait directement sur le tarmac bernois, n'avaient même pas eu besoin de présenter leur passeport, écrit "Le Matin". Et nos amis turcs, débarquant à Genève s'étaient retrouvés dans le car - et sous bonne escorte - en dix minutes top chrono». Le quotidien considère l'attitude turque comme un «traitement indigne d'un pays qui réclame son entrée dans l'Europe», en faisant le lien avec le fait que la Turquie ait été exclue des candidats à l'organisation de l'Euro 2012 par l'UEFA.