Arrivé à Manchester United en août 2004, Wayne Rooney prend au fil des matches une place de plus en plus grande dans l'équipe d'Alex Ferguson, au point que ce dernier envisage d'en faire son futur capitaine. A 20 ans, l'ancien joueur d'Everton fait l'unanimité outre-Manche, des compliments qu'il accueille avec humilité, rêvant d'abord de gagner des titres avec son club. Ce ne sera peut-être pas pour cette année, les Red Devils, qui jouent le derby face à City pour la 22e journée, se contentant de viser la deuxième place derrière Chelsea...Wayne Rooney est un phénomène. De précocité d'abord, lui qui a débuté en Premier League avec Everton à l'âge de 16 ans et n'en avait pas 17 lorsqu'il a inscrit le tout premier but de sa carrière en Championnat face à Arsenal et David Seaman en octobre 2002. Pas étonnant qu'il soit devenu dans la foulée à 17 ans et 111 jours, un mois après avoir signé son premier contrat professionnel, le plus jeune sélectionné en équipe d'Angleterre le 12 février 2003 face à l'Australie (défaite 1-3).
Mais Rooney est aussi un phénomène de régularité. Car là où certains se sont vite brûlé les ailes, incapables de supporter la pression d'une popularité naissante, celui qui porte les couleurs de Manchester United depuis le 31 août 2004 (un transfert qui avait rapporté 45 millions d'euros à Everton) est toujours là, trois ans après ses premiers exploits avec les «Toffees», au point de recevoir outre-Manche une salve de compliments.
Victime de son talent le 31 décembre dernier avec son équipe de Bolton (4-1), Sam Allardyce confiait ainsi: "Il n'y a pas de meilleur joueur dans ce pays en ce moment. Ce n'est pas qu'une question de talent, mais aussi de puissance et de détermination. Il est encore jeune, mais il a une grosse faim, ça se voit physiquement et mentalement. Et il est très adroit."
Il faut dire que lors de ce match, si Rooney n'avait pas marqué, il avait offert une autre palette de son talent, délivrant notamment une passe décisive de toute beauté à Ronaldo. Au point de provoquer l'admiration de du capitaine mancunien, Gary Neville: "Je l'ai applaudi quand il a été remplacé, parce qu'il a été absolument exceptionnel. Il n'a que 20 ans, n'est pas très grand, mais il mystifie les défenseurs avec une puissance incroyable. Ça doit être un cauchemar de jouer contre lui. Physiquement, il est très difficile à tenir."
Ferguson: "Tous les atouts pour être capitaine"Un Gary Neville dont Wayne Rooney devait prendre la succession en tant que capitaine des Red Devils. Au moment de choisir le remplaçant de Roy Keane, brutalement parti en novembre, Ferguson avait opté pour le premier au nom de l'expérience, mais l'intérim ne devrait pas durer longtemps: "J'ai décidé de faire jouer l'ancienneté cette fois-ci, mais je pense que nous avons un capitaine en puissance en la personne de Wayne Rooney. Il présente tous les atouts nécessaires: force mentale, respect et esprit de battant qu'un capitaine de Manchester United se doit d'avoir."
De Diego Maradona à David Beckham, qui estimait en décembre que feu George Best serait sans doute fier des performances de Rooney, il ne se trouve aucune voix dissonante pour évoquer ce joueur qui présente toutes les qualités du joueur moderne: outre sa puissance phénoménale qui en font un vrai «bulldog» capable de tenir sur le même rythme pendant 90 minutes, celui qui compte déjà 28 sélections (pour 11 buts) en équipe nationale est doté d'une technique sans faille, d'une précision souvent diabolique, mais également d'un gros mental.
Une arme qui peut parfois se retourner contre lui, son tempérament explosif lui ayant souvent joué des cartons jaunes et rouges. Mais même ce bémol est écarté d'un revers de la main par un homme qui ne peut que se réjouir de posséder un tel joyau au moment où Michael Owen, blessé, suit une trajectoire déclinante, le sélectionnneur Sven-Göran Eriksson: "Wayne est un joueur extraordinaire, l'un des meilleurs que j'aie jamais entraînés. Il n'a que 20 ans et compte 28 sélections pour l'Angleterre, ce qui est incroyable. Je ne pense pas que même Pelé en avait autant à 20 ans. Wayne est un génie en tant que joueur, il a aussi un gros tempérament. Quand vous êtes une grande star, tout ce que vous faites, chaque erreur que vous commettez, donnent lieu à la critique, je ne pense pas que ce soit juste, on ne peut pas être parfait."
Déjà 10 buts cette saison...Et le Suédois de prédire: "Il peut être une grande star de la Coupe du monde 2006." Ce dont rêve sans doute l'intéressé qui avait déjà marqué de son empreinte l'Euro 2004. Car tout meilleur joueur de Manchester, voire d'Angleterre, qu'il est, Rooney sait qu'un footballeur n'est jugé qu'à l'aune de son palmarès. Et le sien est pour l'instant vierge de tout titre. C'est pourquoi l'attaquant des Red Devils fait toujours preuve d'humilité, préférant insister sur les performances de son équipe et sur les progrès à réaliser. Notamment devant le but, l'un de ses objectifs personnels.
Il déclarait ainsi en décembre en pleine période de réussite: "En ce moment, Ruud (Van Nistelrooy) et moi nous marquons. Ruud continuera, parce ce que c'est un formidable buteur, je veux continuer à apprendre de lui dans ce domaine." Avec 10 buts cette saison en Premier League, il a déjà presque fait mieux que son meilleur total depuis le début de sa carrière (11 en 2004-05). Et comme il n'a plus trouvé les filets depuis quatre matches, Manchester City, qui reçoit United samedi pour le derby mancunien, a tout à craindre d'un éventuel réveil...
Sujet: Rooney vise les sommets 
